Le processus de l’agresseur
Il est fondamental de comprendre le phénomène d'emprise et la raison pour laquelle il est si difficile pour les victimes de partir, même en cas de violences graves.
- Tout d'abord il n'y a pas de profil de victime, tous les milieux sociaux, tous les âges sont concernés. Ce sont généralement des personnes fortes et lumineuses. Il peut s'agir de pervers narcissiques qui vont mettre en place un piège indétectable pour la victime.
- Dans un premier temps le partenaire se montre d'un soutien, d'une bienveillance et d'une écoute sans faille. La victime a vraiment l'impression d'avoir rencontré la perle rare. Cette phase permet à l'agresseur de comprendre les faiblesses et le fonctionnement de la victime. Puis il va progressivement se servir de ses faiblesses pour isoler et prendre le pouvoir sur la victime.
- En égrenant des petites réflexions sur des tenues, des comportements, des proches, la victime va changer sa façon d'être, de penser et de se comporter à tel point que les proches vont essayer de faire réagir la victime. Malheureusement ces tentatives pour ouvrir les yeux de la victimes ne vont qu'accélérer l'isolement, car la victime se sentira jugée et son amour bafoué par ses proches. Donc elle se séparera et s'éloignera elle-même, parfois de manière violente, de son cercle de proches. Puis le même processus se mettra en place au niveau professionnel. Toujours subtilement et en amenant la victime a prendre elle-même les décisions radicales.
- Une fois que la victime est isolée socialement et dépendante affectivement et financièrement, les violences s'intensifient mais à ce moment-là la victime n'a plus son libre arbitre et le piège s'est déjà refermé. Son bourreau devient son seul repère, puisqu’il lui a fait perdre son identité.
Ce processus peut prendre plusieurs mois voire plusieurs années pour que l’emprise soit totale. La victime perd toute confiance en elle, devient affectivement dépendante de l'agresseur et ne se rend pas compte de la gravité et de la croissance des violences.
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⭕ Le cycle de la violence se met en place avec :
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- La phase de tension qui crée un climat électrique au sein du couple où l'agresseur cherche un prétexte pour déverser sa violence. La victime est en apnée pendant cette phase et tente en vain de répondre à toutes les exigences de son agresseur pour éviter l'explosion de violence inévitable.
- La phase de violences où l'agresseur explose et passe à l'acte. La victime se met en mode survie pendant cette phase entre sidération, soumission, ou violences réciproques.
- La phase de justification où l'agresseur justifie ses actes en culpabilisant la victime ou en se victimisant pour que la victime se sente coupable et responsable par son comportement des violences, ou pour qu'elle pardonne le passage à l'acte pour sauver l'agresseur de ses démons.
- La lune de miel où l'agresseur est un compagnon idéal, fait le maximum pour se faire pardonner par des actes romantiques, des cadeaux, des voyages, ... etc
Cette phase n'est pas systématique chez les agresseurs mais très fréquente et permet à la victime de créer des souvenirs positifs avec l'agresseur et de maintenir cette illusion d'amour. En effet, le cerveau humain sélectionne le positif et minimise les actes de violences pour se protéger.
Ce cycle de la violence est une composante fondamentale du phénomène d'emprise. La victime se trouve en hyper vigilance permanente, le cerveau se bloque en mode survie.
Les formes multiples de violences
- Les violences psychologiques sont les premières à intervenir dans une relation toxique. Elles sont progressives, et peuvent conduire jusqu'à la dépression, voire au suicide de la victime. Certaines situations de violences intrafamiliales sont uniquement basées sur des violences psychologiques, mais les dégâts sur le psychisme sont très importants.
- Les violences physiques qui peuvent être réalisées sous forme d'accès de rage de façon préméditée ou impulsive, ou sous forme de "dressage" et d'éducation. Dans les deux cas, il s'agit de violences croissantes, qui peuvent mener jusqu'à la mort de la victime.
- Les violences sexuelles avec la mise en place de chantage sur "le devoir conjugal" mais également des viols conjugaux. En effet la victime appartient à son agresseur et ce dernier peut disposer du corps de la victime comme un objet sexuel.
- Les violences administratives et économiques avec un contrôle des rentrées d'argent de la victime et une mise à l'écart de toutes les démarches administratives (déclaration d'impôts, prestations familiales, accès à la santé, accès à ses papiers d'identité et autres documents nécessaires à une indépendance).
- Les violences sur tiers en exerçant un chantage et des violences sur les enfants ou les animaux pour contrôler la victime par l'amour qu'elle a pour ces tiers.
- Les cyberviolences avec le cyberharcèlement, le revenge porn, le lynchage sur les réseaux sociaux et autres méthodes similaires.
Les conséquences des violences
- Lorsque les victimes parviennent à quitter leur bourreau, nombreuses sont celles qui souffrent de stress post-traumatique qui peuvent les conduire à des graves dépressions ou autres pathologies psychiatriques d'où l'intérêt de mettre en place un suivi psychologique systématiquement.
- De plus, le cerveau n'est plus en hypervigilance et une phase de décompensation survient. Il s'agit de fatigue psychologique et physique extrême qui surviennent parfois avec des pathologies physiques associées : problèmes de peau, ulcères, problèmes digestifs, baisse du système immunitaire, ….
- Enfin, la victime qui a été sous surveillance et contrôle permanent peut ressentir un vide et une inutilité à vivre, dus au fait qu'elle était le centre du monde de l'agresseur et doit réapprendre à vivre pour elle. Cette phase peut amener à des idées suicidaires, voire des passages à l'acte.
Les types d’agresseurs
- Pervers narcissique : agresseur qui se nourrit de la douleur de l'autre qui prend plaisir à faire souffrir sa victime. Manipulation avec un début d'histoire idyllique mise en place de l'emprise avec isolement puis violences psychologiques puis physiques. Les violences psychologiques sont les plus dévastatrices et les victimes perdent leur identité et leur libre-arbitre pour se retrouver piégée. Quand la première violence physique arrive, la cage mentale est déjà bien en place et les personnes victimes peuvent difficilement partir.
- Agresseur violent uniquement sous toxiques : Crises d'agressivité déclenchées par la prise de toxiques (alcool, drogues).
- Agresseur souffrant de choc post-traumatique : Crises de violences après événements rappelant le traumatisme. L'agresseur est en dissociation lors de ses crises.
- Schéma et reproduction familiale : Objectification de la femme et devoir de la punir dans une domination patriarcale.
- Immaturité émotionnelle et ingérence des émotions : Agresseur en incapacité de gérer la frustration et qui répond par de la violence
L'intérêt de connaître ses différents profils n'est pas de leur trouver des excuses ou de s'imaginer que la relation peut s'améliorer.
Quel que soit le profil de l'agresseur la première chose à faire pour que la violence disparaisse est de stopper la relation. En effet, peu importe les raisons, cette relation s'est inscrite dans un langage et des automatismes violents qu'on ne pourra maîtriser même avec un soutien psychologique de l'agresseur.
Ensuite, excepté pour le pervers narcissique, un accompagnement de l'agresseur peut se mettre en place pour stopper ses mécanismes de violences pour de futures relations.
Pour en savoir davantage sur le mécanisme des violences, vous pouvez visionner la vidéo de Stéphane Punel, formatrice spécialiste des violences conjugales, sexuelles et sexistes.
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